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Mise au point sur ma prétendue vocation d'écrivain

On m’a fait croire que j’écrivais bien et j’ai souscrit à cette idée en osant une intrusion dans un domaine réservé. Ma place pouvait être n’importe où, mais pas sur ce territoire où la règle première est de savoir tenir une plume entre ses doigts. Moi qui étais si bien sur mon site des champs avec mes oliviers, je me suis laissé berné par le rêve de devenir Auteur. J’ai donc échangé mes outils d’agriculture contre les robots du Net à chercher à me faire une autre image que celle qui m’était destinée. Du fantaisiste blogueur, en passant par l’apprenti écrivain et le faux poète, d’autres qui s’amusent comme moi à tuer le temps, m’ont induit en erreur. Un peu comme le corbeau qui, voulant imiter le cri de la perdrix, j’ai fini par perdre ma voix. Il m’a fallu du temps pour comprendre qu’il ne faut jamais faire de rêves avant de s’endormir car on risque de sombrer dans la confusion totale.

J’ai appris à mes dépends que je vais devoir revenir sur ce que j’ai déjà dit, à savoir que le talent est un don de Dame Nature qui ne s’apprend pas comme un métier quelconque dans un centre de formation. En littérature, on ne bricole pas, c’est quelque chose de plus fort que la parole qui, à la limite, peut être lâchée librement sans gêner personne. A l’inverse, la plume doit être domestiquée par son manipulateur car elle peut s’avérer affilée, donc tranchante. Un écrivain ou un poète n’est pas celui qui, comme moi, cherche difficilement les mots, les place et essaie de les ajuster pour en faire une construction. Non ! Il ne s’agit point d’une bâtisse à l’image de celle que j’ai, plus ou moins, réussie en manipulant la truelle et autres matériaux. L’écriture est une chose sacrée qu’il ne faut pas dénaturer en publiant n’importe quoi pour s’amuser à passer le temps.

Ceci dit, dans le cas qui est le mien, ce n’est pas du tout la recherche de la célébrité qui m’a poussé à écrire, mais le besoin de témoigner d’un vécu que d’autres veulent absolument occulter pour des raisons qui sont les leurs. Je ne remercierais jamais assez deux Auteurs avérés qui m’ont tiré de mon cauchemar en m’ouvrant les yeux. Ces deux écrivains que j’ai cités dans mon billet précédent « la littérature et moi », m’ont offert leur aide, m’ont guidé et orienté. Leur critique objective et sans complaisance, m’a permis de sortir de ma léthargie. Sans eux, j’aurais continué à me triturer les méninges pour aller plus en avant dans ce qui me paraissait, avec la bénédiction de quelques scribouillards, refléter les belles-lettres, alors qu’elles ne peuvent être que « rédhibitoires ». Ce terme qui sied comme il faut à mes écritures comparées à celles de vrais Auteurs, je l’ai appris récemment en jouant au chroniqueur comme le font bien des blagueurs.