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L'orthographe en question

« Orthographe, conjugaison, temps & modes, syntaxe, font partie de l'univers impitoyable de l'auteur comme autant de maîtres exigeants et sévères », avait écrit Salaber dans un article à mon sujet. Ces quelques phrases résument ce que je ressens quand le besoin de m’exprimer me saisit. En effet, ayant perdu mon alphabet, j’ai dû emprunter quelques mots de la langue de Molière pour formuler ce que j’ai à dire. Seulement, là où les choses se compliquent, c’est lorsque je me heurte à la complexité de cette langue, à laquelle s’ajoute mon niveau d’instruction qui s’est arrêté au primaire.

Oui, je suis fatigué de rechercher le mot qu’il faut et comment l’écrire. Je suis fatigué de réfléchir à la ponctuation, aux temps des verbes, lesquels utiliser et comment les écrire. Je suis fatigué de tous les pièges du langage : homonymes, paronymes, barbarismes et j’en passe. Je suis fatigué de me creuser les méninges pour ne pas me tromper. Un mot mal choisi parmi la multitude de ses semblables, peut donner lieu à une mauvaise interprétation. Une virgule mal placée peut fausser la phrase et causer des dégâts, sachant le fameux message avec sa virgule qui tue : « Tuez pas laisser passer ». Toutes ces difficultés font qu’il me prend envie d’utiliser le langage des jeunes qui voudraient, peut-être, une réforme en profondeur de cette langue tant courtisée par ailleurs.  

Je ne comprendrai jamais pourquoi des mots qui s’écrivent au masculin quand ils sont au singulier, passent obligatoirement au féminin dès qu’ils sont écrits au pluriel. Si on prend le mot « Gens », on constate toute l’ambiguïté et les difficultés de cette langue.

- Tous les gens querelleurs (La Fontaine).

- Toutes les vieilles gens, se sont les meilleures gens que j’aie connus, j’écris pour ces petites gens d’entre lesquels je suis sorti (G. Duhamel),

- Quels sont ces gens ? (J. Romains).

- Quelles que soient ces vieilles gens, je veux m’occuper d’eux etc. Sans compter la gent, (seulement au singulier, pas de pluriel), qui désigne une race humaine ou animale. Je trouve bizarre, qu’on ait pas pensé à mettre de l’ordre dans tout cela et séparer la jante automobile de la gent canine et pas seulement. Serait-ce à cause de ces difficultés qui donnent du fil à retordre, que la langue française séduit ? Je n’en sais rien, mais je suis certain que si j’avais à choisir une langue pour exprimer mes idées, j’aurais opté pour une autre. Que les Gendelettres veuillent bien m’excuser s’il m’arrive d’écorcher, involontairement, la langue de Molière, je n’ai malheureusement pas de langue de rechange.